Aider les jeunes à garder l'équilibre
PARENT TOXIQUE SANS LE SAVOIR ? FAITES LE POINT
Aider les jeunes à garder l'équilibre
PARENT TOXIQUE SANS LE SAVOIR ? FAITES LE POINT
Auteure : Suzanne Vallières, psychologue, conférencière, auteure et maman
Nous entendons parfois parler d’amitiés, de relations amoureuses ou de travail dites « toxiques », c’est-à-dire des relations qui ont un impact négatif sur nous et qui sont caractérisées par des interactions malsaines récurrentes.
Mais on reconnaît aujourd’hui que certaines formes de parentalité peuvent s’avérer elles aussi toxiques et altérer significativement le développement de l’enfant.
Continuez votre lecture pour mieux comprendre et reconnaître la parentalité toxique et ses impacts sur la santé mentale, afin d’éviter d’en adopter les comportements avec votre jeune.
✋ Avant toute chose, sachez que la parentalité n’est bien entendu pas innée et qu’aucun parent n’est parfait. Il est normal et possible qu’à un moment ou à un autre, nous ayons une réaction ou un comportement moins bienveillant à l’égard de notre enfant. Avec la fatigue, le stress, certaines situations de la vie familiale, il peut nous arriver naturellement d’être parfois plus impatient·e·s.
Certaines attitudes, parfois involontaires ou inconscientes, du parent envers son enfant peuvent amener à développer une relation toxique.
QUELS SONT LES SIGNES D’UN PARENT TOXIQUE ?
Voici certaines caractéristiques de parents ‘’toxiques’’ que l’on doit chercher à éviter dans la mesure du possible.
À noter : la parentalité devient toxique lorsque les attitudes ci-dessous sont adoptées de manière constante et répétitive dans les interactions avec son enfant.
🤯 Difficulté à contrôler ses émotions
Le parent est impulsif, explosif. Il se met facilement en colère ou encore dramatise certaines situations. L’enfant perçoit que son parent peut aisément perdre le contrôle et devenir hostile sans justification, ce qui contribue à un sentiment d’insécurité et de l’hypervigilance.
🤬 Critique
Le parent toxique tend à faire des reproches à outrance et à adresser des commentaires non constructifs. Il·elle donne l’impression de ne jamais être satisfait·e des accomplissements de son enfant et que celui-ci n’est jamais à la hauteur. Devant ce type de comportements, l’enfant risque de développer un stress élevé associé à la performance et un désir disproportionné d’impressionner son parent.
👉 Blâme
Devant une erreur ou une situation compromettante, le parent tend à rejeter la faute sur son enfant ou le reste de la famille. Il peine à assumer sa contribution et sa responsabilité dans les conflits ou les problèmes. Ceci peut avoir comme impact que le·la jeune sera plus souvent sur la défensive, ayant de la difficulté à reconnaître ses torts dans ses relations interpersonnelles. À l’inverse, certain·e·s jeunes développeront un sentiment de culpabilité accru, se sentant responsables de situations à tout moment, sans raison valable.
❌ Contrôle
Le parent adopte des pratiques très strictes et s’immisce de manière exagérée dans toutes les sphères de la vie de son enfant. Au fur et à mesure que l’enfant grandit, le parent peine à s’adapter et fait des demandes infantilisantes (ex : interdire à son ado de rencontrer des ami·e·s en dehors de l’école). Ce type d’attitude peut nuire au développement de l’autonomie et du sens des responsabilités, ou encore pousser l’adolescent·e à s’opposer et s’éloigner de son parent.
😳 Humiliation
Le parent insulte, dénigre ou se moque de son enfant sur une base régulière. L’estime personnelle de l’enfant est durement éprouvée, risquant d’essayer par tous les moyens de satisfaire son parent, sans jamais y parvenir réellement. L’enfant aura de la difficulté à développer sa confiance en soi et à devenir un·e adulte solide.
Parfois aussi, sans même s’en apercevoir, nos interventions ou notre discours peuvent avoir une connotation toxique et être associés au blâme, à la critique ou à l’humiliation.
Voici quelques exemples de verbalisations toxiques, avec leurs formulations alternatives à privilégier :
❌ « Ne viens pas me dire que tu t’es forcé·e pour arriver à des notes comme ça ! »
✔ « Tu en penses quoi de ton bulletin ? Penses-tu que tu aurais pu faire mieux ? Que pourrais-tu faire selon toi pour améliorer tes notes ? »
❌ « Tu es tellement une personne paresseuse, tu n’es jamais à ton affaire »
✔ « L’organisation semble être un défi pour toi, on pourrait regarder ensemble comment t’aider et t’améliorer. J’ai confiance en toi. »
❌ « Tu es toujours irresponsable, tu vas arriver à quoi dans la vie ? »
✔ « Depuis un certain temps j’ai l’impression que tu relâches au niveau de tes responsabilités. Tu en penses quoi ? Comment tu penses que je pourrais t’aider et que pourrais-tu faire ? »
Même si les commentaires insultants ou les critiques peuvent parfois donner l’impression d’avoir un impact plus grand sur notre jeune et peut-être l’amener à adopter un changement de conduite, ce type d’intervention a souvent pour effet de mettre l’enfant sur la défensive et le rendre plus fermé au message que l’on souhaite lui transmettre.
À long terme, la communication parent-ado risque de devenir difficile. Votre jeune pourrait avoir l’impression que les discussions avec son parent se terminent inévitablement par des reproches et des critiques à son égard.
Prenez un moment pour réfléchir à vos pratiques dans le quotidien avec votre jeune et essayez de les ajuster au besoin : en utilisant des interventions bienveillantes où on implique l’enfant dans la discussion et qu’on considère son opinion. Ce faisant, l’enfant sera plus enclin·e à exprimer ses émotions t et à adopter les ajustements qui s’imposent.
COMMENT CONTOURNER LE PIÈGE DES COMMENTAIRES TOXIQUES ?
Voici quelques principes clés pour adopter une communication saine avec votre enfant :
👉 Privilégier l’emploi du ‘’je’’ au ‘’tu’’ : ‘’Je me suis sentie blessé·e par tes paroles tantôt.’’ vs ‘’Tu m’insultes constamment.’’
👉 Éviter d’utiliser ‘’jamais’’ et ‘’toujours’’ : ‘’Tu n’es jamais à l’heure.’’ vs ‘’Es-tu d’accord avec moi ? Ces temps-ci il t’arrive souvent d’être en retard.’’
👉 Parler de faits et de nos observations, plutôt que de nos interprétations : ‘’Tu préfères voir tes ami·e·s plutôt que d’être avec moi.’’ vs ‘’Nous devions souper ensemble et tu as annulé à la dernière minute pour voir tes ami·e·s.’’
👉 Formuler une demande et rechercher des solutions : ‘’Tu te laisses toujours traîner.’’ vs ‘’Ta chambre est souvent en désordre, j’aimerais que tu la nettoies une fois par semaine, qu’en penses-tu ?’’
Pour résumer, les pratiques parentales toxiques peuvent être néfastes pour le développement du sentiment de sécurité, de l’estime personnelle et de l’autonomie chez l’enfant.
Il faut retenir qu’un·e jeune qui se sent valorisé·e, respecté·e, supporté·e et écouté·e par son parent est un·e jeune qui aura confiance en soi et aux autres. L’enfant se sentira alors capable d’accomplir plusieurs choses, en plus d’être motivé·e à réussir, ce qu’on souhaite le plus comme parent !
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Suzanne Vallières, psychologue, travaille dans le domaine des médias depuis 1996. En plus de collaborer à divers magazines, elle livre le fruit de plus de vingt-cinq ans d’expérience auprès des jeunes en tant que formatrice spécialisée, psychothérapeute, conférencière, mère de trois enfants et maintenant mamie. Elle est l’auteure de la collection à succès Les psy-trucs, traduite en six langues, du Psy-guide de la discipline pour les enfants de 0 à 10 ans, du Psy-Guide des parents épuisés et du Psy-guide des grands-Parents.
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